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vendredi 13 novembre 2015

Bardo Boys 2002 est le deuxiéme groupe Ultras en Tunisie



Au ST, le phénomène ultra n’est pas en reste. Il a été créé en 2002,
sous l’appellation «Bardo Boys». Cheminement d’un groupe… pas comme les autres.
C’est à l’occasion de la Coupe arabe disputée en Arabie Saoudite en 2002 que cette genèse s’est cristallisée. Deux des pionniers de ce mouvemenbt, M.D. et S.B., reviennent sur cet acte de naissance: «A vrai dire, le groupe existait bien avant cette date, mais il était dénué d’encadrement. Nous nous sommes inspirés des Ultras italiens, avec un credo majeur, à savoir supporter inconditionnellement et contre vents et marées notre club. C’était et c’est encore et toujours notre seul aiguillon. Et petit à petit, le groupe s’est élargi et à partir de son fief, le Bardo, il a connu des ramifications sous forme de cellules et autres sous-cellules implantées un peu partout, notamment dans le Grand-Tunis, à Den Den, Manouba, Ariana, Ennasr, la Marsa…».
Comme pour chaque groupe, l’appellation est loin d’être gratuite. Nos invités éclairent notre lanterne à ce propos: «En effet, rien n’est à mettre sur le compte du hasard. Concernant le premier mot, «Bardo», l’interprétation coule de source, allusion au fief de notre club, à ses racines, à son histoire. Le second boys, en anglais, comme c’est le cas pour les autres groupes, renvoie aux enfants du ST, à la dimension filiale, au cordon ombilical qui se cimente chaque jour davantage».
Totale reconsidération de l’apport du public
Sur un autre plan, tout un chacun sait que la mission d’un groupe dépasse le fait de supporter son club. En quoi consiste-t-elle chez les boys du Bardo ? M.D. et S.B. précisent à l’unisson :»Ce à quoi nous nous attelons en premier lieu, c’est d’accroître au maximum, le nombre de supporters par le truchement d’un travail de sensibilisation à partir de la base. Par ailleurs, «Bardo Boys» constitue une vraie famille. Nous sommes, en effet, toujours ensemble, la main dans la main. D’ailleurs, chaque membre est détenteur d’une carte où il y a l’inscription «membre della famiglia». Par ailleurs, et vu qu’il revient à notre groupe d’organiser les «dakhlas» (spectacle suspendu depuis quelque temps), d’acquérir les drapeaux… il nous incombe d’amasser de l’argent. Celui-ci provient de la contribution des membres et sympartthisants, de la vente d’articles divers, des cartes de membre…»
Venons-en maintenant à la philosophie sous-jacente à ce véritable mouvement. Pour le large public sportif, le mot «Ultra» ne peut avoir qu’une seule acception, celle qui renvoie à l’extrémisme, au chauvinisme, au radicalisme, au hooliganisme pour ainsi dire. Cette forme de jusqu’au-boutisme dévastateur générateur de funestes incidents, à l’instar de ceux du Heysel… Une vision des choses que les représentants de Bardo Boys réfutent en bloc.
Explication: «Il s’agit, en effet, d’une approche tout à fait erronée. C’est qu’il n’y a pas plus nobles et plus pacifiques que les Ultras. Leur présence au stade n’a qu’une seule finalité, à savoir être derrière leur club. Ils sont là pour soutenir leurs favoris s’époumoner et s’égosiller du début jusqu’à la fin d’un match, le tout dans les règles de l’art. A cette fin, ils organisent tout un spectacle, haut en couleurs. Et les exemples dans nos stades foisonnent pour prouver que ce spectacle s’élève au niveau d’un art, un art multimensionnel au vu de la diversité d’ingrédients qui en font partie. D’ailleurs, il y a des gens qui se sont épris des groupes, parfois même plus que de leurs couleurs préférées, allant au stade rien que pour admirer la féerie et la majesté du spectacle qui s’offre à leurs yeux ébahis et émerveillés. C’est sous cet angle uniquement qu’il faut appréhender le mot «ultra». Tous les dépassements, tous ces actes de vandalisme n’ont rien à voir avec les Ultras et la noblesse, la magnanimité de la philosophie qui préside à leur mission.
Tous les écarts de conduite constatés dernièrement dans nos stades sont l’œuvre d’un groupuscule d’irresponsables dont les actes n’engagent que leurs personnes».
Autant alors certifier qu’une totale reconsidération de l’apport du public, toutes tendances confondues, ce dernier étant, en dernier ressort, indissociable, est à prôner urgemment. Les deux porte-paroles de Bardo Boys se veulent, à ce propos rassembleurs: «Nous estimons que l’approche collégiale est à privilégier. En effet, le BD, le comité des supporters et le groupe en question, Bardo Boys et aussi le deuxième groupe du ST, Kaotic Group en l’occurrence, doivent unir leurs efforts, se concerter pour agir en parfaite symbiose le jour du match. D’ailleurs, nous avons proposé aux dirigeants stadistes de déléguer un membre de Bardo Boys pour nous représenter lors des réunions officielles aussi bien du BD à préciser une chose, c’est que tenons à notre totale autonomie, au niveau de nos idées, de notre philosophie et de notre action. Nous sommes pour l’organisation commune, la complémentarité, mais au plan des convictions, nous nous posons en porte-à-faux à toute immixtion, à toute forme d’endoctrinement, attendu que nous nous réclamons d’un total pacifisme. Tout un chacun n’a qu’à se remettre à notre slogan «honneur et fidélité». L’honneur, eu égard au profond sentiment de fierté qui nous anime vis-à-vis du passé glorieux et et mythique de notre club. Et même si notre présent n’est pas aussi reluisant, notre amour envers le ST grandit chaque jour encore plus («piu perdiamo, piu tiamo»). La fidélité, comme en témoigne notre présence constante et assidue partout où se produisent nos couleurs bénies et chéries».
Cela dit, la tentation de revenir au phénomène des flammes est irrésistible. L’occasion idoine d’en savoir plus, vu qu’il est étroitement lié à cette fameuse philosophie des Ultras. Ce à quoi rétorquent nos interlocuteurs: «C’est, en effet, une vérité irrécusable. Un Ultra sans flamme est pour ainsi dire, comme dénué de son identité. Mais sachez qu’à l’origine, l’Ultra tient une flamme à la main jusqu’à l’éteindre sur place. Cela fait partie du spectacle et n’a aucune incidence préjudiciable. Toutefois, ce recours a été subitement interdit par la loi, ce qui a été ressenti comme une grande frustration. Ce n’est que subséquemment à cette déplorable mesure que le phénomène du jet de fumigènes, celui de la flamme-parachute, est apparu, une sorte de riposte et de vengeance que nous condamnons. A Bardo Boys, cette «mode» ne nous concerne pas et nous n’y avons pas recours. Cela dit, l’image de l’Ultra doit être clarifiée et surtout réhabilitée. Dans cette optique, les représentants des divers groupes en Tunisie se concertent depuis un certain temps. C’est que nous constituons, groupes de tous bords, EST, CA, ESS, CSS, ST…, une famille élargie. C’est que nous défendons une même cause. Pour preuve, la charte de l’Ultra que nous avons élaborée dans une totale symbiose. Nous aspirons à nous asseoir autour d’une même table avec toutes les parties prenantes du sport en Tunisie, le ministère de l’Intérieur, le ministère de la Jeunesse, du Sport et de l’Education physique, le BF, les médias… Il y a des barrières à abattre, des préjugés à éliminer et une image constructive à réhabiliter. Le tout converge vers une seule finalité, l’intérêt du foot, et par extension du sport dans nos contrées. La Tunisie sportive le vaut bien».

Aux acteurs de la vie sportive d’en prendre acte, dans l’optique d’une action commune salutaire.


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